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Cinq questions clefs sur le scandale des oeufs contaminés en Europe

¤ Partie des Pays-Bas, la crise sanitaire touche aussi la France, où cinq entreprises ont reçu des lots pollués au fipronil. ¤ Les autorités néerlandaises examinent la possibilité d'une contamination de la viande de poulet.

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Par Véronique Le Billon, Emmanuel Grasland

Publié le 9 août 2017 à 01:01

C'est le feuilleton sanitaire de l'été 2017. Depuis le retrait le 3 août de milliers d'oeufs des supermarchés allemands, chaque jour apporte son lot de nouveaux éléments. Le scandale sanitaire, concentré dans les élevages néerlandais et belges où a été utilisé le produit litigieux, concerne désormais à des degrés divers l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse.

Jusqu'où la France est-elle concernée ?

Lundi, le ministère de l'Agriculture annonçait que treize lots d'oeufs contaminés en provenance des Pays-Bas avaient été livrés à deux entreprises spécialisées dans les ovoproduits, dans la Vienne et dans le Maine-et-Loire. Mardi soir, le ministère a finalement indiqué que trois autres entreprises d'ovoproduits dans le Pas-de-Calais, le Nord et le Morbihan « ont reçu des oeufs contaminés » au fipronil en provenance de Belgique et des Pays-Bas. Des investigations sont toujours en cours « pour identifier la destination des produits déjà expédiés et susceptibles d'être contaminés ». Le 28 juillet, une exploitation du Pas-de-Calais avait déjà été placée sous surveillance, après le signalement par l'éleveur de l'utilisation du produit en cause par son fournisseur belge. Les résultats des analyses doivent être connus en fin de semaine, et les services du ministère de l'Agriculture évaluent la zone des élevages à contrôler. Selon le Conseil national de promotion de l'oeuf, les 2.800 élevages français seraient protégés par une forte traçabilité de la production hexagonale. « Au-delà de la réglementation, les professionnels de la filière appliquent un plan d'autocontrôle strict », indique l'interprofession, qui a mis l'accent ces dernières années sur la lutte contre les salmonelles et l'amélioration du confort des poules en batterie. La France produit près de 15 milliards d'oeufs par an et en consomme autant (dont 95 % issus de la production intensive), avec environ 8 % des oeufs consommés importés.

Qui est à l'origine du scandale ?

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Confrontés aux poux rouges, des parasites néfastes pour les poules, des élevages néerlandais, ont utilisé un antiparasitaire, le Dega-16, vendu par la société Chickfriend. Ce produit contenait une substance illicite, le fipronil, qui permet de décupler son efficacité. Selon les médias belges, Chickfriend aurait acheté le Dega-16 à une société belge, Poultry-Vision. C'est elle qui aurait pu introduire le fipronil illégalement, après s'être fournie en Roumanie. Une enquête pour fraude est menée par le parquet d'Anvers. Une enquête pénale est aussi en cours aux Pays-Bas pour retracer les circuits de commercialisation des lots contaminés.

Le fipronil est-il dangereux ?

Le fipronil est un insecticide utilisé par les vétérinaires pour soigner les animaux de compagnie. Il est présent dans les colliers antipoux et antitiques, mais la molécule est interdite pour traiter les animaux de consommation. La toxicité du fipronil est classifiée comme « moyenne » mais, à haute dose, sa consommation pourrait provoquer des atteintes rénales, hépatiques ou endommager le système lymphatique. La teneur maximale détectée en Belgique est toutefois « de très loin inférieure » aux valeurs limites autorisées, a indiqué l'agence fédérale belge. Qui a toutefois reconnu, mardi après une contre-expertise dans un élevage, « un dépassement du seuil de sécurité européen » sur un prélèvement. En France, le gouvernement a saisi l'Agence nationale de sécurité sanitaire « pour obtenir un avis sur les risques pour la santé humaine liés à l'ingestion d'oeufs ou de produits contaminés par le fipronil ».

Y a-t-il des risques pour d'autres secteurs ?

Les Pays-Bas étudient la possibilité d'une présence de fipronil dans la viande de poulet. « Nous testons la viande de poulet dans les élevages dont les oeufs ont été infectés pour déterminer si la viande est contaminée. Il s'agit de mesures de précaution », a expliqué Tjitte Mastenbroek, porte-parole de l'organisme néerlandais chargé de la sécurité alimentaire et sanitaire, NVWA. Il y a aux Pays-Bas quelques dizaines de sites, qui produisent aussi bien des oeufs que de la viande, selon la NVWA et l'organisation agricole néerlandaise LTO. Mais la plupart des exploitations font un choix, soit l'un, soit l'autre. Qui plus est, la probabilité que la molécule soit présente dans la viande de poulet est faible, juge le syndicat LTO. Les poulets de chair n'ont aucun problème avec le pou rouge. Ce n'est pas le cas des poules pondeuses, qui sont enfermées dans un poulailler pendant deux ans. Ce qui permet au parasite de se développer.

Quel impact sur la filière aux Pays-bas ?

La profession risque de devoir abattre plusieurs millions de poules pondeuses à la suite du scandale. Pour faire disparaître l'insecticide, la filière a deux solutions : soit abattre les poules par gazage au CO2, ce qui coûterait des millions d'euros et ferait bondir les défenseurs de la cause animale, soit mettre les poules en situation « d'hivernage » et évacuer le fumier. Le fipronil se loge dans la graisse abdominale des poules et pourrait être dégradé par la mue. Au cours de ce process, qui commence à l'automne avec la baisse de la luminosité, la volaille perd des plumes et son gras.

Emmanuel Grasland

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